Photo montrant la Cour Napoléon, la Pyramide du Louvre, et une statue à droite représentant Racine.
Art et culture

Lumière sur le Louvre avec Sabine de La Rochefoucauld

août 03, 2021

Qui mieux que Sabine de La Rochefoucauld, Responsable des visites protocolaires au musée du Louvre, pour vous parler de ses œuvres préférées sous la célèbre pyramide ?
Black and white portrait of Sabine De La Rochefoucauld, public relations manager at the Louvre museum

Présentation

J’ai étudié à l’École du Louvre et travaillé de nombreuses années dans ce musée auquel je suis réellement attachée. Je me souviens de l’installation de la pyramide controversée en 1989 et je suis ravie qu’elle soit devenue le symbole moderne du Louvre. Il y a tant à voir et je découvre sans cesse de nouvelles choses. J’ai toujours été fan de tableaux mais je me suis découvert une passion pour la sculpture et l’art antique. Avoir des centres d’intérêt peut vous aider à préparer votre visite mais le secret est de ne pas vouloir tout faire, vous pourrez toujours revenir une autre fois.

Wide view of the Napoleon courtyard of the Louvre, with the glass pyramid by Ieoh Ming Pei
©-2005-Musee-du-Louvre-Angele-Dequier

Préparez votre visite

Beaucoup de visiteurs ne savent pas par où commencer. Mon conseil est d’entrer par la forteresse du Louvre médiéval pour découvrir son histoire, avant qu’il ne devienne un château puis un musée. De là, n’ayez pas peur de vous perdre et de voir où vos pas vous mènent. Personnellement, lorsque je visite un musée pour la première fois, j’aime le faire seule pour prendre mon temps et observer la même œuvre pendant une heure si je le souhaite. En général, je dis à mon mari : « On se retrouve plus tard au café ».

La sélection de Sabine
Le Gladiateur Borghèse

Cette statue de marbre date d’environ 100 av. J.-C. L’œuvre a été découverte en 1611 près de Rome et a rejoint la collection Borghèse jusqu’à ce que Camillo Borghèse la vende à son beau-frère, Napoléon Bonaparte. Contrairement à son titre trompeur, Le Gladiateur Borghèse représente un guerrier grec et non romain. Je suis fascinée par la peur et la fébrilité qui se lisent sur son visage. Peu de visiteurs s’y attardent mais pour moi c’est un vrai bijou, dont les émotions brutes sont restées intactes depuis plusieurs siècles.

Picture of Le Gladiateur Borghèse at Louvre museum in Paris
©-Musee-du-Louvre-dist.-RMN-Grand-Palais-Daniel-Lebee-et-Carine-Deambrosis
View of L'Escalier pour la Victoire at Louvre museum in Paris
©-2015-Musee-du-Louvre-Michel-Denance

L’Escalier pour la Victoire

Ce splendide escalier du 19e siècle a bénéficié d’un élégant remaniement Art déco dans les années 1930, avec sa rambarde distinctive. Il illustre la force du Louvre, à savoir la diversité de ses œuvres et de ses mises en scène. L’escalier Daru a été soigneusement choisi pour accueillir la majestueuse Victoire de Samothrace. Ce formidable exemple d’art grec hellénistique est surélevé sur un piédestal en marbre, ce qui accentue la perspective au pied de la sculpture. Je ne m’en lasse pas et je ne suis pas la seule à la considérer comme une des œuvres majeures au Louvre.

Les Noces de Cana

Cette représentation vibrante du Christ lors d’un banquet, peinte par Paolo Véronèse en 1563, retient votre attention. On ne sait où donner de la tête entre la signification religieuse et l’harmonie de la composition, les couleurs chatoyantes des convives et les chiens à l’arrière-plan. Mesurant près de 10 m de long, c’est notre plus grand tableau. Je souris toujours lorsque j’entends que La Joconde est petite. C’est probablement parce qu’elle est exposée face à cette peinture colossale.

Photograph of the famous painting by Veronese, the Marriage at Cana
© RMN Grand Palais (Musée du Louvre) - Michel Urtado
View of the vault of the Apollo Gallery at the Louvre in Paris
© 2020 Musée du Louvre - Antoine Mongodin

Galerie d’Apollon

Je me souviens de la réouverture de la Galerie d’Apollon en 2004, suite à d’importants travaux de restauration. Son décor impressionnant évoque le passé royal du Louvre. La Galerie a servi de modèle à la galerie des Glaces au château de Versailles et représente l’harmonie de l’univers. Créée à la gloire de Louis XIV, elle ressemble à un puzzle. Observez bien et vous verrez le soleil, la terre, l’eau et les continents soigneusement représentés par certains des plus grands artistes français tels que Le Brun, Lagrenée et Delacroix. Un spectacle à couper le souffle.

Photo d'une couronne de Louis XV composée de pierres transparentes, bleues, vertes, rouges et jaunes.
©-Musee-du-Louvre-dist-RMN-GP-Martine-Beck-Coppola

Les Diamants de la Couronne

Dans la Galerie d’Apollon se trouve une impressionnante collection de joyaux de la Couronne. Au fil du temps, ils ont tour à tour été perdus, volés, retrouvés et ont survécu à la Révolution. La pierre ultime est sans doute « le Régent », un diamant de 140 carats, le plus lourd au monde lors de sa découverte dans une mine indienne en 1698. Il sera serti sur la couronne de Louis XV puis sur l’épée de Napoléon 1er. Ces gemmes intemporels représentaient une certaine expression du pouvoir et de la force de la nation, et captivent toujours nos visiteurs aujourd’hui.

Painting of La Pietà by Rosso Fiorentino at the Louvre museum in Paris
©-Musee-du-Louvre-dist.-RMN-Grand-Palais-Angele-Dequier

La Pietà

J’adore cette grande œuvre de Rosso Fiorentino, peinte en 1540, dont la restauration a permis de raviver les riches teintes rose, orange et nuances de jaune. Le Christ est représenté avec des cheveux roux, comme l’était Fiorentino, et les bras en croix de la Vierge Marie évoquent sa foi triomphant de sa désolation. Le Christ repose sur des coussins orange, contrairement à d’autres pietàs où il figure dans les bras de sa mère. Ce tableau était relativement méconnu jusqu’à ce qu’il apparaisse dans le clip de Beyoncé et Jay-Z tourné au Louvre, vu plus de 250 millions de fois.

Mademoiselle Caroline Rivière

Ce tableau est signé Jean-Auguste-Dominique Ingres, l’un des premiers peintres à s’être affranchi des proportions. En tant qu’artiste, il n’aimait pas les portraits qui lui prenaient trop d’énergie mais a dû s’y résoudre pour gagner sa vie. Je pense qu’il a fait preuve d’un talent exceptionnel en osant s’éloigner de la réalité, en quête de perspectives plus esthétiques, créant un bras, une colonne ou un cou plus longs et plus flatteurs par exemple. Ici, il s’agit d’une jeune fille sur le point de devenir femme, dont la sensualité est discrètement suggérée. Son décès peu de temps après rend ce tableau particulièrement poignant. Je pense que c’était aussi un des portraits préférés de l’artiste.

Classical portrait of Mademoiselle Caroline Rivière at Louvre museum in Paris
©-2005-Musee-du-Louvre-Angele-Dequier

Pour plus d’inspiration, suivez notre Chef concierge, Jean Mora, lors de sa visite du Louvre.

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